C’est un Mohamed Yattara qui en avait gros sur le cœur qui s’est défoulé sur plusieurs sujets. De son départ de Lyon à la terrible élimination du syli national par le Swaziland, l’attaquant a vidé son sac sans langue de bois dans un long entretien accordé à Guineenews.
A 23 ans, Mohamed Yattara traverse une période de balbutiements dans sa carrière. Après une saison difficile ponctuée par un clash avec son entraîneur au Standard, qui lui a valu un prêt à Angers, le Guinéen est de retour en Belgique. Juste avant de disputer la super coupe de Belgique que les Rouches ont perdu (2-1) face à Bruges, il s’est livré dans une longue interview à nos confrères. Nous vous proposons les points saillants de l’entretien.
Le départ de Lyon
« À Lyon, quand tu sens qu’il y a des gars dans le staff technique qui ne sont pas honnêtes avec toi. Ce qu’ils te disent en face est différent de ce qu’ils disent derrière toi, vaut mieux partir parce qu’il faut travailler avec des personnes qui ont confiance en toi. À un moment donné à Lyon, je n’ai pas senti cette confiance. Il y a de ces dirigeants qui me faisaient savoir qu’ils avaient confiance en moi, mais dans le dos, je pense que ce n’était pas trop ça.
En plus, je pense qu’on a imposé au coach de faire certains choix. Il y avait des internationaux dans l’équipe. À un moment donné, il n’a pas fait tourner trop l’équipe, il ne m’a pas donné ma chance. Pendant les matches de préparation, j’étais un des meilleurs jusqu’aux barrages en Europa League. J’ai fait un doublé dans ces matches, j’étais bien et j’ai bien commencé le championnat même si je n’ai pas marqué. Malheureusement, je me suis blessé contre Lens. Je suis revenu comme si je n’avais rien fait au paravent, le coach m’a complètement oublié.
C’est bien beau de dire que j’étais à Lyon, il y avait des compétitions mais, si c’est pour faire des bouts de matches, tu ne peux jamais progresser. C’est pour ça que j’ai décidé de partir. Je pense que c’était la meilleure solution pour moi (…) Mais la façon dont on m’a traité, je n’ai franchement pas apprécié. Je pense qu’il y a des joueurs qui ont été plus favorisés que d’autres. Le coach est resté à un moment donné deux mois sans me faire jouer. Derrière, on prend une claque à Saint-Etienne, deux jours après c’était trois matches en une semaine. Deux jours après, il me fait jouer contre Reims. Deux mois sans jouer, il voulait que je fasse gagner l’équipe, c’était impossible. Je manquais de rythme. Du coup, j’ai été nul, on va dire. Je pense que c’est l’un de mes plus mauvais matchs. Derrière, il m’a sorti et le match d’après, il ne m’a pas repris dans le groupe. Ça m’a vraiment mis un coup. Franchement, c’était un peu compliqué ».
L’absence de la Guinée à la CAN 2017
« Une très très grosse déception. Je ne vais pas dire que c’est la faute de mes potes, c’est nous tous. C’est nous qui avons commencé même si le dernier matche, je n’étais pas là. On n’a pas réussi à nous qualifier parce qu’on a fait une mauvaise entame. Mais au final, on n’avait pas le droit de se faire éliminer par un pays comme le Swaziland, malgré tout le respect que j’ai vis-à-vis de ce pays. C’est une grosse erreur de notre part. Limite, on mérite même une sanction parce qu’on n’a pas le droit de se faire éliminer par un tel pays.
On avait juste à faire une victoire pour s’offrir une finale au mois de septembre à Conakry contre le Zimbabwe. Quelque chose qu’on n’a pas fait. C’est vraiment dommage ».
« L’immaturité » des joueurs
« On se parle. Je me rappelle, le dernier match qu’on a fait contre le Malawi, on a fait match nul à Conakry, il fallait gagner au Malawi. Pendant la causerie, le coach a parlé après je lui ai demandé de nous laisser entre nous les joueurs. Du coup, j’ai pris la parole, je ne suis pas le plus ancien, je ne suis pas le capitaine, mais à un moment donné, il fallait se dire les choses en face. On s’est parlé. Au final, on a fait l’affaire. Peut-être qu’il y a beaucoup d’entre nous qui ne sont pas conscients de la chance qu’ils ont parce qu’il y en a beaucoup qui sont vite arrivés. Ils sont arrivés trop tôt dans l’équipe nationale. Ils ne se rendent pas compte de l’importance de l’équipe nationale. Il y a en aussi ceux qui se sont vus trop beau, trop tôt. Ce sont des petits détails, mais ça compte tellement. On sait qu’on joue pour une nation. Quand tu joues pour une nation, il faut vraiment mouiller le maillot. Notre équipe nationale, je pense qu’on manque beaucoup de maturité. On a tendance à prendre toutes les équipes à la légère. Dans la tête du Guinéen, c’est le meilleur. Même quand on joue contre le Brésil, dans nos têtes on est les meilleurs. Non, un match de football n’est jamais gagné à l’avance. Il faut respecter l’adversaire. Aujourd’hui, on sait qu’il n’y a plus de petites équipes. Tout le monde joue au foot. Le problème de notre équipe, c’est l’immaturité ».
« La nation est sacrée »
« Parfois nous avons des responsabilités à prendre sur le terrain. Mais il y a beaucoup de joueurs qui joue pour le public surtout quand on est à domicile. Aujourd’hui, dans le football, on nous demande d’être efficaces. Il y a de ces passes, de ces déplacements et de ces courses que tu dois faire par pour toi mais pour ton partenaire et pour le collectif. Peut-être, il y en a certains qui comprennent mal le mot efficacité. Quand on joue à Conakry, il y a des joueurs qui jouent vraiment pour le public. Ils préfèrent faire un geste pour épater le public que de penser collectif. Pourtant, le collectif est primordial. Il faut le mettre en avant. Comme on le dit, il faut donner à l’équipe et l’équipe, elle te rendra. Quand Lionel Messi parle, il remercie toujours ses partenaires car c’est à grâce à eux qu’il a ses 5 Ballons d’Or. Si tu veux jouer tout seul, va jouer le tennis ou au golf.
Ce sont des petits détails. Je ne sais pas. Peut être qu’ils font exprès ou peut être, ils ne comprennent pas ce que le coach leur demande. En club, ils respectent bien les consignes mais en équipe nationale, ils font leur numéro. Quand on joue en équipe nationale, il faut se donner plus qu’en club. La Nation, elle est sacrée. Il y a des millions de personnes qui nous supportent, parfois quand on perd, elles n’arrivent même pas à manger. Je ne sais pas si c’est un manque de respect, mais c’est dommage de représenter son pays de cette façon».