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Mohamed Lamine Nabé, président du CNOR : « la FIFA risque de nous suspendre… »

Fraîchement rentré d’une tournée à l’intérieur du pays, Mohamed Laminé Nabé, président du comité de normalisation de la Féguifoot, s’est longuement confié à notre rédaction. Dans cet entretien exclusif, l’ancien fonctionnaire international a fait le point sur l’état d’avancement des travaux de révision des statuts de la FGF et évoqué la réticence de certains clubs de division nationale. Il a également, à mots-voilés, lancé des piques à l’ancienne équipe dirigeante qui avait à sa tête Salifou Camara. Bonne lecture !

Plusieurs mois après votre installation, vous avez présenté les nouveaux statuts de la fédé le 26 septembre dernier lors d’une conférence de presse. Où en sommes-nous dans le processus de révision des textes ?

Au jour d’aujourd’hui, nous sommes à l’étape d’échange et d’explication du contenu de ce projet de statut pour qu’on s’accorde sur certains points qui nous paraissent importants. Rien ne sert d’élaborer un document et le présenter au nom d’une entité aussi importante que la famille du football, sans pourtant échanger sur les principales tournures de ce document. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, après qu’on ait distribué ce projet de statut à tous les membres statutaires, nous avons donné un temps pour pouvoir prendre connaissance et faire leur retour. Mais il faut reconnaître qu’il n’y a pas eu beaucoup de retours.

Récemment certains clubs de division nationale se sont réunis à Kindia pour protester contre la proposition de révision des textes qui a été faite. Comment avez vous réagi à cela ?

Nous n’avons pas réagi contre cela. Mais seulement, nous nous sommes dit que ces clubs qui se sont réunis là, jusqu’à présent n’ont pas compris effectivement ce document. Tous ceux qui ont accepté d’échanger avec nous, disent qu’ils ont compris. La preuve est qu’à Kindia, où cette réunion a eu lieu, la ligue régionale de Kindia a présenté son mea-culpa. C’était devant la radio et la télévision. Ils sont dits qu’ils ne savaient pas et maintenant qu’ils ont compris, ils apportent leur soutien.

Il semble que le document de protestation fournit au préalable n’était pas authentique.

Pas du tout authentique (…) Ils se targuaient de dire qu’ils avaient les soixante neuf (69) clubs de division nationale, mais il y a eu beaucoup de membres statutaires qui disent qu’ils ne se reconnaissent pas dans ce document qui nous est parvenu et mieux il y avait beaucoup de signatures scannées et photocopiées. Donc, cela nous a fait douter. Néanmoins, ce n’est pas mauvais que dans une société qu’on ait un document aussi important et qu’il n’y ait pas d’autres qui disent qu’ils ne sont pas d’accord (…) Nous avons constaté également qu’il y a des mains noires derrière cette situation. Sinon il y a des tournures plus importantes dans ce document que ce groupe pouvait aborder. Mais s’ils vont jusqu’à parler du nombre de réunions que le bureau exécutif doit tenir, ce n’est plus pour le développement du football, c’est plutôt ce qui va se passer dans le bureau exécutif. C’est ce qui les intéresse surtout (…) On leur a fait croire qu’ils sont aussi exclus du football. C’est comme ça qu’on les a intoxiqués. On leur a fait croire qu’ils ne joueront plus le football et qu’ils ne sont pas membres de la fédération Guinéenne de Football. Ce qui est faux et archifaux. Ceux qui leur disent cela comprennent très bien ce document mais comme ils ont autre chose derrière la tête, il faut qu’ils détournent la vérité.

Pourtant c’est la date du 05 octobre qui était prévue comme dernière échéance pour la réponse des clubs de division nationale. A cette date, aviez-vous reçu une réponse de leur part ?

Nous avons reçu quelques courriels. Trois ou quartes courriels plus le fameux courriel auquel vous faites allusion (…) comme le document de Kindia n’est pas authentique, nous avons préféré que les structures interviennent  individuellement  au lieu que ça soit collectivement.

Il y-avait-il des contre propositions dans ce peu de courriels ?

Dans les courriels que nous avons reçus, oui, quelques points ont été soulevés par d’autres. Bon, il y a une commission ad hoc en place qui va travailler pour voir si ces propositions sont pertinentes. Si elles peuvent être intégrées, nous allons les intégrer. Si elles ne peuvent pas, nous allons leur proposer des arguments et puis partager en dernier ressort avec la FIFA pour voir si on est dans les normes avant de convoquer l’assemblée générale extraordinaire.

Vous rentrez d’une tournée à l’intérieur du pays. En quoi consistait-elle ?

Nous n’avons pas eu suffisamment de retour de la part des membres statuts et nous, nous sommes partis vers eux pour échanger avec afin que, séance tenante, nous puissions recueillir leur point de vue. (…) Nous avons commencé par Boké et puis Mamou Labé et Kindia. Il reste Faranah, Kankan, N’Zérékoré et Conakry. Au cours de cette tournée, nous nous sommes donné le temps d’expliquer le contexte dans lequel le travail a été fait. Ensuite, nous nous sommes focalisés sur les nouveautés dans le document (…) Boké à 100%, tous les membres ont dit qu’ils adhèrent et ils ne sont pas arrêtés là. Ils ont formulé les courriels (…) Ça été le cas à Mamou qui n’a que trois clubs et puis la ligue (…) Nous sommes partis à Labé qui a fait autant (…) Nous sommes arrivés à Kindia qui a fait autant et d’ailleurs Kindia a présenté leur mea culpa. Ils ont regretté d’avoir abrité une telle réunion. Ils ont promis de ne plus accepter une réunion aussi clandestine sur leur territoire.

Avez vous le sentiment aujourd’hui qu’on va vers l’adoption de ces nouveaux statuts ou vous redoutez un rejet en bloc lors du prochain congrès ?

Non je ne redoute pas du tout un rejet en bloc. Parce que la première partie de ma tournée, m’a rassuré qu’effectivement les gens ont été trompés et eux-mêmes ils ont reconnu qu’ils ont été trompés par des personnes mal intentionnées. Parce qu’il y a toujours des gens qui font croire que sans eux, le football ne peut pas marcher. Donc ils veulent coûte que coûte que nous ayons des problèmes. Ils veulent coûte que coûte qu’on suspende la Guinée. Des gens qui veulent que nous traînions dans cette transition.

Vous faites allusion à une personne ?

Un groupe de personnes. Ceux qui étaient là. Ils sont partis, et maintenant qu’ils veulent faire des réformes, on dit non vous n’avez pas le droit de faire des réformes. Vous avez le droit seulement d’élire un nouveau président comme s’ils ne comprenaient pas ce que la FIFA nous a confiés comme travail. Ce sont eux qui interprètent autrement à ces clubs-là.

Au niveau des amendements, on constate qu’il y a le pouvoir des clubs de division nationale qui va être considérablement réduit. Pensez-vous que c’est un passage obligé pour le redressement de notre football ?

Si vous dites que leur pouvoir est diminué, moi je ne vois pas de cette façon. Leur pouvoir va s’agrandir. Pourquoi ? Nous envisageons de mettre en place une ligue amateur. Pourquoi une ligue de football amateur ? (…) Pour que ces clubs jouent suffisamment au ballon. Si nous prenons exemple sur la ligue régionale de Mamou, il y a trois clubs. La saison se résume en une journée ou deux journées au maximum chaque année (…) nous voulons que tout le monde joue. C’est pourquoi nous voulons créer une ligue qui va les gérer aussi (…) et ils ne seront pas laissé pour compte à l’assemblée et puis le troisième vice-président de la fédération est le président de la ligue amateur. On ne peut pas dire que leur pouvoir est diminué.

On voit aussi qu’il y a des points qui ont été dénoncé par quelques anciens internationaux. Notamment celui exigeant au minimum le diplôme du baccalauréat pour briguer la tête de la Féguifoot.

Comme je l’ai toujours dit, nous sommes à l’étape du projet. La FIFA a des exigences pour certains axes mais elle nous laisse la latitude de choisir d’autres. Cela fait partie des points qui peuvent être discutés et amendés. C’est une proposition. Nous estimons que pour être à la tête d’une fédération comme celle du football en Guinée, il faut avoir un certain cursus qui te permettra de tenir les grands débats, d’avoir des discussions de haut niveau et pouvoir tirer les conséquences heureuses pour notre pays. C’est cela notre estimation. Nous n’exigeons rien et nous n’imposons rien (…) ce n’est fait contre personne ni pour personne. C’est juste une proposition.

Selon les nouveaux statuts, les membres de la FGF sont : les clubs de la ligue 1 et 2, la ligue de football amateur, les ligues régionales, l’association de football féminin, l’association du Futsal, l’association du Beach Soccer, l’association des entraîneurs, l’association des arbitres, l’association des anciens joueurs internationaux, et l’association des médecins sportifs. Pensez-vous respecter le délai de février 2017 quant on sait que la plus part de ces associations ne sont pas encore en place ?

Bien sûr, tout dépendra de la volonté que nous allons afficher tous pour conduire à terme notre mandat. Voilà, on est en train de tergiverser sur un point incontournable. Si cela traine, ça va jouer sur le temps. De façon intitule, on fait traîner quelque chose qui est bon pour nous. On prendre du temps et ça va jouer forcément sur le plan d’action. Si aujourd’hui nous respectons, nous validons ce dossier d’ici décembre (Ndlr, 2016), il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas faire les élections en février (Ndlr, 2017). Parce qu’en deux mois, on peut mettre en place la plupart de ces associations. Si une association n’est pas dans les normes, il est indiqué dans le même document qu’elle ne viendra pas à l’assemblée et on donnera deux ans pour se mettre à jour. Si pendant les deux ans, elle ne se met pas à jour, son nom disparaît automatiquement des statuts comme membre statutaire. Si elle se met à jour, elle reviendra dans la famille sportive. C’est écrit dans ce document dans les clauses transitoires (…) si les gens ne sont pas prêts, cela nous empêche pas d’aller à l’assemblée.

Donc vous avez espoir que le délai sera tenu…

C’est ça notre conviction. C’est ce que nous voulons (…) Je m’en voudrais si je n’arrive pas à respecter le délai. Mais il y a toujours des aléas dans un projet (…) Aucours de nos travaux, il y un des membres statutaires qui a demandé à un des experts, si nous rejetons ce document, qu’est-ce que la FIFA va dire ? Il lui a répondu que la Guinée sera suspendue. Donc nous sommes encore menacés par la suspension. En 2001, lorsqu’on a été suspendu, le Guinéen ne pensait pas qu’on allait être suspendu. C’est quand on l’a été qu’on l’a regretté après. C’est encore les mêmes personnes, qui sont en train de mettre les bâtons dans les roues pour que tout simplement il y ait la confusion et l’incompréhension. Pour qu’il y ait blocage et qu’on dise que sans eux ça ne marche pas. Si c’est le cas, la FIFA risque de nous suspendre encore (…) Ça c’est une des solutions que la FIFA a ou alors elle peut proroger le mandat du comité de normalisation. Chose qu’on ne souhaite même pas. Dans l’un ou l’autre cas rien n’est bon pour la Guinée.

Merci !

Je vous remercie !

Propos recueillis par Alhassane N’Dirè DIALLO

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