Il est nouveau sélectionneur de la Guinée. Nommé ce vendredi à l’issue d’un dépouillement de la commission chargée de recruter le successeur de Paul Put, Didier Six s’est longuement expliqué sur sa future tâche à notre rédaction. Dans cet entretien exclusif, le Français, ancien sélectionneur du Togo, évoque sa philosophie de jeu, ses motivations, les raisons de son inactivité depuis quatre ans et surtout la manière dont il compte ramener la Guinée dans le top 4 continental. Entretien.
Bonsoir coach !
Bonsoir !
Comment en êtes-vous arrivé à postuler pour devenir sélectionneur de la Guinée ?
Pareil que les 87. J’ai envoyé mon CV avec une lettre de motivation. Pour l’instant, je n’ai pas reçu la confirmation. Il y a eu une conférence de presse qui a été faite, comme quoi j’étais sélectionneur. J’attends la confirmation de la fédération.
Qu’est-ce qui vous attiré ?
La qualité des joueurs. J’ai vu à la CAN. J’habite Marrakech et comme la préparation y était, j’ai vu les matchs de préparation. Donc, je connais la qualité des joueurs guinéens. Il y a aussi la ferveur du public. Quand Michel Dussuyer était entraîneur et qu’il y avait ebola, vous jouiez au Maroc. Je suis allé voir tous les matchs du Syli au Maroc. J’ai été étonné de cette ferveur des supporters qui venaient à tous les matchs. Il y avait vraiment un engouement. C’est un pays de football, c’est un pays où les gens aiment leur équipe nationale. Tout cela m’a donné l’envie de pouvoir être un jour sélectionneur du Syli.
Quel est votre projet de jeu ?
Laissez-moi arriver. Chaque chose en son temps. Il faut jouer avec les éléments que j’aurai, jouer avec ma propre personnalité aussi que je dois inculquer aux joueurs. Laissez-moi arriver, comme çà je verrai. Laissez-moi attendre la lettre de confirmation.
Vous êtes plutôt un entraîneur, défensif et très tactique ou vous êtes plutôt porté vers l’offensive avec du beau jeu ?
Être défensif ne veut pas dire ne pas aimer le beau jeu. Pour moi, il faut que l’équipe soit solidaire et qu’il y ait un groupe qui se forme. S’il y a un groupe qui se forme automatiquement, on ne joue pas défensivement ou offensivement. C’est une équipe, c’est un groupe qui est sur le terrain. Je suis porté plutôt par ma carrière de professionnel, d’international, sur l’offensive et le beau jeu. C’est ce que j’ai apporté au Togo quand j’ai été entraîneur et ça nous a valu d’être en quart de finale de la CAN. On aurait même pu passer en demi-finale.
Que connaissez-vous de cette équipe guinéenne ?
Je connais les joueurs qui jouent dans les grands clubs. J’ai vu de la qualité en ces joueurs. Certainement, Naby a manqué pendant cette CAN au Syli mais il se rétablit. J’ai appris qu’après le match de mardi en champions league, il réintègre le groupe. Donc ça va mieux et il va pouvoir apporter beaucoup.
Vous avez parlé de Naby. Qui d’autres connaissez-vous ?
Il y a Kamano qui joue en France, Traoré qui joue en Allemagne… J’ai toute la liste. Je ne l’ai pas en tête exactement mais j’ai déjà fait toute la liste avant d’envoyer mon CV. Il y a beaucoup de joueurs et des joueurs de talent.
C’est un groupe décimé que vous allez prendre en main. Comment vous comptez remettre les choses à l’endroit ?
Je ne pense pas que c’est un groupe décimé. C’est un groupe qui a besoin de revivre ensemble la victoire. J’apporterai l’envie de la victoire, l’envie de la gagne. Ça été mes critères. J’avais des qualité de joueur et d’entraîneur mais j’apporte aussi cette envie de la gagne, cette envie d’être bien ensemble et de faire plaisir à son public.
Le passage de Paul Put a laissé beaucoup de fissures et le divorce a été difficile. Craignez-vous le même sort ?
Non ! Je suis là avec plein d’ambitions et d’envie de travailler. Je ne vais pas me référer à ce qui était derrière. Je vois devant.
Le public guinéen est très exigeant. Comment vous comptez gérer cette grosse pression ?
Cela 44 ans que je suis dans le football. J’ai vécu des pressions énormes. J’ai été jusqu’en demi-finale de la coupe du monde. J’ai été en quart de finale de la CAN avec aussi une pression. Le public est là mais c’est normal. Il y a une attente. Si je suis aujourd’hui sélectionneur, c’est parce que le public attendra beaucoup de ma participation et d’envie de ma part.
Quels sont vos objectifs personnels avec la Guinée ?
Remettre la Guinée dans le carré final à la CAN et de pouvoir être qualifié pour la coupe du monde et d’aller le plus loin possible. On a tous les atouts pour faire quelque chose d’extraordinaire.
Avez-vous déjà pensé à la prochaine journée FIFA ?
Comme je l’ai dit en début d’interview, j’attends la confirmation écrite de la fédération. Suite à cela, je vais me mettre au travail avec la fédération et la direction technique nationale pour savoir quelle équipe on pourrait rencontrer au mois d’octobre.
Quelle sera votre première grande décision ou vous première démarche ?
Je pense qu’avec la qualité des joueurs, s’il y a la discipline derrière, ça sera quelque chose d’important. La concentration, l’envie de jouer pour les couleurs du Syli. Savoir que lorsqu’on vient en équipe nationale, c’est un immense espoir pour chaque joueur.
Comment sera composé votre staff technique ?
Je ne sais pas encore. Laissez-moi arriver.
Vous n’y avez pas pensé en postulant ?
Mais si ! J’y ai pensé mais ça, ça reste chez moi. Laissez-moi arriver.
Depuis 2015, vous êtes au chômage. Comment l’expliquez-vous ?
J’ai shortlisté quatre fois. Cela veut dire que j’ai fini deuxième ou troisième sur des sélections. J’ai refusé deux sélections parce que le challenge ne me correspondait pas.
Lesquelles ?
J’avais un problème de sécurité. Je ne vais pas vous dire lesquelles (rires). Après, j’ai eu dans ma famille un moment où je ne pouvais pas entraîner, où je ne pouvais pas me déplacer. Voilà le pourquoi. Dès que tout cela a été résolu, j’ai eu la possibilité de postuler pour le Syli. Je suis content aujourd’hui d’avoir été retenu.
Un message particulier aux supporters et à vos futurs joueurs ?
Il n’y a pas beaucoup de messages à lancer. Déjà il y a de qualité dans le jeu. Je pense que le travail est la seule solution qui permettra… et je ne suis pas seul. J’aurai un staff derrière moi, une fédération, un président. Tout le monde attend la même chose. Donc, automatiquement, on va regrouper ces forces pour qu’on arrive au but.
Merci coach et nous vous souhaitons une bonne chance.
Merci ! Moi aussi je souhaite beaucoup de chance aux supporters et à cette équipe.
Entretien réalisé par Alhassane N’Dirè DIALLO